Méthodologie pour l’étude et le traitement des émissions odorantes
Une stratégie cohérente de gestion des nuisances olfactives, des émissions de COV sur un site industriel nécessite un diagnostic préalable visant à une meilleure connaissance de l’importance relative des différentes sources de composés odorants, de la situation en terme réglementaire ou perception des riverains et donc des objectifs qualitatifs et/ou quantitatifs à atteindre.
Cette méthodologie permet d’optimiser le suivi et la mise en place des solutions de contrôle, de gestion ou de traitement des composés clés pour atteindre les objectifs définis durant cette phase initiale
Sur une unité industrielle, les sources potentielles de composés odorants et COV sont très variées.
- Effluents canalisés : rejetés à travers une cheminée, etc.
- Ouvrages à l’air libre de surfaces importantes à l’origine « d’émissions diffuses surfaciques » : décanteurs, lagunes, bassins d’aération, etc.
- Sources « d’émissions diffuses » pouvant provoquer des odeurs intenses à proximité : évents, puisards, bâtiments renfermant certains procédés générateurs d’odeurs, etc.
- Opérations annexes comme le nettoyage d’ouvrages, les purges ou les incidents d’exploitation qui peuvent provoquer des émissions odorantes soudaines et importantes.
1. Audit et synthèse des données disponibles
Au cours de la première phase, une liste des sources du site est définie de manière à être le plus exhaustif possible – cet exercice de recensement reste difficile mais primordial pour définir le plan d’action. En effet, un diagnostic subjectif basé sur les perceptions au voisinage immédiat des ouvrages tend à surestimer l’importance des sources ponctuelles et, au contraire, à minimiser celle des sources intrinsèquement peu odorantes, mais qui ont une grande surface d’échange avec l’atmosphère.
2. Campagne de mesure et suivi
Objectifs de la Campagne de Mesure
L’objectif principal de cette campagne est de quantifier et de qualifier les émissions de COV et les nuisances olfactives générées par le site industriel. Les données recueillies permettent d’identifier les sources de pollution, de vérifier le respect des seuils réglementaires et d’évaluer l’efficacité des dispositifs de réduction des émissions déjà en place. De plus, ces mesures servent à anticiper d’éventuelles plaintes des riverains et à maintenir une bonne relation avec les parties prenantes.
Étapes Préparatoires à la Campagne
Avant de procéder à la campagne de mesure proprement dite, une phase préparatoire est essentielle. Cette étape inclut l’étude des processus industriels impliqués, l’identification des sources potentielles d’émission de COV et d’odeurs, et l’évaluation des conditions météorologiques locales, qui peuvent influencer la dispersion des polluants. Cette analyse initiale permet de définir une stratégie de mesure adaptée, en choisissant les méthodes les plus pertinentes et les points de prélèvement ou d’observation les plus représentatifs.
Méthodes de Mesure et Suivi
La campagne de mesure comprend plusieurs méthodes complémentaires pour garantir une évaluation exhaustive des émissions. Les mesures physico-chimiques sont réalisées à l’aide d’appareils de prélèvement d’air, suivies d’analyses en laboratoire pour déterminer les concentrations de COV présents. Ces mesures peuvent être effectuées sur place, à l’aide d’équipements portables, ou par des prélèvements d’échantillons d’air à des points stratégiques autour du site.
Les méthodes olfactométriques, quant à elles, se concentrent sur la caractérisation des odeurs perçues. Elles peuvent inclure des analyses en laboratoire pour déterminer le seuil de détection olfactive (SDO) et la concentration des odeurs. Des panels d’experts peuvent également être mobilisés pour évaluer l’intensité et la nature des odeurs sur le terrain, en reproduisant les conditions réelles de perception.
Dispositifs et Techniques Complémentaires
Outre ces techniques, il est souvent pertinent de compléter la campagne de mesure par l’installation de dispositifs de suivi dans l’environnement du site. Ces dispositifs, tels que des capteurs en continu, permettent de surveiller les variations des émissions et des odeurs sur de longues périodes. Ils offrent une vue d’ensemble des fluctuations en fonction des activités industrielles et des conditions météorologiques, fournissant ainsi des données en temps réel pour une gestion proactive.
Cependant, il est également possible d’effectuer un suivi sans l’installation de dispositifs permanents. Des prélèvements ponctuels réalisés à des moments critiques, comme lors de pics d’activité ou en réponse à des plaintes de riverains, peuvent fournir des informations précieuses. De plus, l’observation et l’analyse sur le terrain, réalisées par des experts, permettent d’évaluer les nuisances olfactives sans recourir systématiquement à des instruments de mesure sophistiqués. Ces interventions non-invasives sont particulièrement utiles dans les contextes où la flexibilité et la rapidité d’intervention sont primordiales.
Analyse des Résultats et Actions Correctives
Une fois les données collectées, elles sont analysées pour identifier les sources principales d’émission et d’odeurs. Cette analyse permet de vérifier si les émissions respectent les seuils réglementaires et si des ajustements sont nécessaires. En cas de dépassement des limites ou de détection de nuisances significatives, des actions correctives sont mises en place. Cela peut inclure l’optimisation des processus industriels, l’amélioration des systèmes de filtration, ou la mise en œuvre de techniques de réduction des émissions à la source.
L’évaluation des émissions odorantes peut être abordée par 3 voies complémentaires.
Analyse sensorielle
La caractérisation par olfactométrie est réalisée par analyse sensorielle qui consiste à mesurer des facteurs de dilution au seuil de perception à partir desquels on détermine des débits d’odeur. Il existe des normes de prélèvement et d’analyse bien définies. Pour en connaître davantage sur les bases et les possibilités sur ce sujet vous pouvez consulter notre page dédiée : analyse sensorielle
Mesures physico-chimiques
La caractérisation physico-chimique est souvent complexe car les composés responsables des nuisances peuvent être présents à de très faibles niveaux de concentration (quelques ppb, partie par billion, ou pg/m3), et il convient de mettre en œuvre des techniques d’analyse spécifiques avec des seuils de sensibilité compatibles avec leurs seuils olfactifs. De plus, les effluents odorants sont composés, dans la majorité des cas, de molécules issues de plusieurs familles chimiques dont l’importance, sur le plan de l’odeur, peut être très différente. En ce sens, l’analyse et la quantification des composés volatils impliqués dans les émissions odorantes doit donc être couplée à l’analyse sensorielle et à l’évalutaion de la perception et de la gêne potentielle générée par ces molécules. Pour plus de détail sur l’aspect analytique, vous trouverez plus d’informations sur analyses physico-chimiques.
Etude des nuisances olfactives
Connaître une concentration d’odeurs ou avoir identifier et quantifier des composés volatils odorants sur une source, en limite d’un site industriel ou dans l’environnement est la base de travail pour comprendre, suivre, contrôler et réduire les impacts. Cependant, dans le cas des odeurs, il faut aussi, souvent, aborder la question de la perception positive ou négative de ces molécules odorantes.
La gêne olfactive résulte de la perception d’odeurs qui peuvent être soit, désagréables et très fréquentes dans le pire des cas, soit désagréables et peu fréquentes, soit agréables et très fréquentes (comme certaines odeurs alimentaires). Cependant, la nuisance olfactive peut être acceptée ou refusée selon le contexte dans lequel se situent les riverains. Ainsi, l’état de tolérance ou d’intolérance vis-à-vis d’une nuisance olfactive dépend de plusieurs éléments tels que l’évolution du désagrément, la fréquence de perception, l’affect associé à l’odeur, ainsi que la crainte qu’elle occasionne vis-à-vis de la santé ou des moins-values des biens immobiliers par exemple. Ces éléments qui modulent la tolérance vis-à-vis de la gêne olfactive peuvent intervenir séparément ou simultanément. Pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent la relation des riverains aux odeurs environnementales, les études de gêne doivent donc intégrer chacune de ces composantes humaines, et pour ce faire, la contribution des populations riveraines est indispensable. Cette approche doit s’accompagner d’outils et de méthodes afin de rendre les plus objectives possible les notions de gêne et de perception olfactive et leurs évolutions au cours du temps. La notion de temps est d’ailleurs cruciale car il faut savoir se donner le temps de suivre les changements de perception et mesurer les effets des solutions de désodorisation et réduction des émissions d’odeurs sur le site. C’est encore plus vrai lorsque différentes activités industrielles potentiellement émettrices sont proches sur le plan géographique. La mise en place d’un observatoire des odeurs est le meilleur atout pour intégrer le suivi des nuisances olfactives et les neutralisants et masquants des outils qui peuvent se révéler utiles.
Ces différentes approches vont permettre de répondre à différentes questions ou attentes posées ou imposées par les exploitants de sites, les autorités de suivi et contrôle des installations classées ou les riverains de ces unités.