• ÉTUDES, TRAITEMENT ET CONSEIL - ODEURS / COV

  • Jean-Loïc Ray ⎜ 06 71 30 31 87

Évaluation de la gêne olfactive (ou nuisance olfactive) dans le milieu récepteur

La gêne olfactive résulte de la perception d’odeurs qui sont jugées désagréables sur le plan qualitatif mais également de la durée ou de la fréquence de la perception. La nuisance olfactive peut être tolérée ou non selon le contexte. Certains éléments vont influer sur les nuisances olfactives : l’évolution, la fréquence de perception, l’affect associé à l’odeur, ainsi que le risque sanitaire ou de dévalorisation du cadre de vie et des biens fonciers.

Pour mieux comprendre les mécanismes qui soutiennent la relation des riverains aux odeurs environnementales, la contribution des populations riveraines est indispensable.

« Pourquoi et comment mesurer la gêne olfactive ? »

D’un point de vue réglementaire

La loi sur l’air considère comme une pollution atmosphérique les nuisances olfactives excessives. Ceci sous-entend qu’il faut montrer le caractère excessif de la nuisance donc son caractère acceptable ou non et ceci n’est possible qu’en déterminant la gêne ressentie par la population. Dans une étude d’impact, il faut présenter une analyse de l’état initial du site et de son environnement, une analyse des effets directs ou indirects, temporaires ou permanents de l’installation sur l’environnement, sur la commodité du voisinage (bruits, vibrations, odeurs, émissions lumineuses) (Décret n°96-18 du 5 janv. 1996, art. 2-11-1°) […].

Dans le cas d’une mise en demeure par arrêté préfectoral, le responsable d’installation industrielle à l’origine du problème d’odeurs doit connaître l’importance de l’impact olfactif de son site, les relations qui lient les perceptions d’odeurs par les riverains et le fonctionnement du site. En outre, l’exploitant doit être capable de communiquer sur les progrès réalisés.

Par ailleurs, la mesure de gêne apporte les éléments de base pour orienter les réflexions, pour caler les modèles de dispersion atmosphérique, pour choisir et concevoir de nouveaux sites l’implantation.

Une réponse aux plaintes de la population

Dans les situations de conflits avec les riverains, les avis divergent quant à la description des odeurs, les caractères acceptables ou intolérables, l’intensité des odeurs, le moment des perceptions dans la journée, la date du dernier épisode olfactif, etc. Au prime abord, un observateur extérieur peut alors penser qu’en effet la relation à l’odeur est très subjective. En fait, la diversité des points de vue exprimés doit être interprétée comme l’expression d’une variabilité inter et intra- individuel dont l’étude permettra d’appréhender les relations et les phénomènes mis en jeu.

La diversité des réponses olfactives doit être considérée comme une richesse informative, offrant des bases objectives de connaissances nécessaires à la prise de décisions dans une démarche de progrès. Ainsi, dans le cadre de cette démarche scientifique, l’ensemble des outils d’évaluation de la gêne olfactive doit répondre aux exigences de qualité suivantes :

  • Reproductibilité : les méthodes de mesure choisies pour établir l’état initial doivent pouvoir être reproduites ultérieurement de façon strictement identique pour vérifier que les objectifs en terme de nuisances sont atteints.
  • Représentativité: l’échantillonnage doit être représentatif de la population statistique étudiée (aire géographique, population riveraine, conditions de dispersion).
  • Sensibilité : les mesures doivent être suffisamment précises et fines pour mettre en évidence des variations sur l’ensemble des modalités de la perception olfactive entre deux séries de mesures.

Par conséquent, évaluer la gêne doit permettre de répondre aux questions suivantes :

  • Quelle est l’origine des conflits, et que souhaitent exactement les riverains ?
  • Comment déterminer la contribution relative des odeurs du site vis-à-vis des autres sources et des autres nuisances ?
  • Les investissements se traduisent-ils par une diminution significative des nuisances olfactives au niveau des populations riveraines ?
  • Comment montrer que l’implantation de la nouvelle usine (ou atelier) n’a pas modifié le contexte olfactif ?
  • Peut-on cartographier des odeurs ou la gêne olfactive ?
  • Quelle relation existe-t-il entre le mode d’exploitation, la météorologie et les nuisances olfactives perçues par les riverains ?
  • Quels états particuliers de fonctionnement ou de fabrications sont responsables des nuisances et des plaintes ?
  • Dispose-t-on d’indices de gène olfactive permettant d’avoir un objectif réglementaire pris en accord avec les décideurs locaux et acceptable par les riverains ?

Comment évaluer la gêne olfactive ?

Pour répondre à l’ensemble de ces préoccupations, plusieurs outils spécifiques peuvent être utilisés en fonction des objectifs fixés par le décideur. Overlab aborde ces problématiques sous différents angles :

  • L’analyse de la situation : elle permet de connaître les préoccupations des riverains, l’historique et le contexte des plaintes, les craintes éventuelles. Elle permet aussi d’ouvrir les échanges avec les riverains et de prendre acte d’une volonté de trouver des solutions d’amélioration.
  • Les observations olfactives avec un jury de nez composé de riverains : elles permettent de mesurer l’importance de la gêne olfactive en fonction des différentes conditions d’exploitation, météorologiques et de faire un suivi des nuisances olfactives.
  • Enquête auprès des riverains : elle permet de rendre compte de l’état de la perception des riverains vis-à-vis de l’environnement et des différentes nuisances auxquelles ils sont exposés.
  • L’analyse des plaintes ou des observations spontanées : elle permet d’étudier les périodes de fortes émergences olfactives et d’en suivre l’évolution.
  • La modélisation de la dispersion atmosphérique des odeurs avec estimation du risque de gêne olfactive.

L’analyse des conflits

Objectif

Il s’agit d’analyser les préoccupations des plaignants à partir d’entretiens individuels avec des riverains gênés par les odeurs d’un site, pour évaluer l’importance du problème et d’en connaître les véritables origines. En effet, il arrive parfois que I odeur soit l’expression simplifiée d’un ensemble d’autres problèmes (ex : problèmes rencontrés au moment de l’enquête publique, moins value de la maison d’un plaignant, etc.). Grâce à ces entretiens individuels, des événements d’exploitation générateurs de pollutions olfactives peuvent parfois être identifiés et caractérisés.

A partir de la connaissance des souhaits exacts et des attentes des riverains, des décisions sont alors prises pour répondre dans la mesure du possible aux diverses demandes. Ces réponses peuvent être l’exécution de la demande (ex : plantation d’une haie d’arbre), la prise en considération de l’inquiétude par le déclenchement d’une étude adaptée (ex: étude des risques sanitaires), ou la proposition d’un programme d’action pour améliorer le confort olfactif des riverains (ex : planning d’étude de faisabilité, des essais pilote, de consultation, de réalisation et de validation). Un objectif également important de ces analyses de conflit est d’établir des bases saines de dialogue nécessaires pour concilier les intérêts des différentes parties.

Les observations olfactives avec un jury de riverains

Objectifs

La constitution d’un jury de riverains effectuant des observations olfactives dirigées sera mise en œuvre lorsque l’on veut :

  • mesurer les fréquences selon lesquelles les riverains ressentent les différentes nuisances olfactives ;
  • identifier les origines des différentes nuisances olfactives et les hiérarchiser ;
  • calculer et suivre l’évolution d’un indice de gêne ;
  • établir des cartographies de gêne olfactive ;
  • croiser les observations olfactives avec les modes d’exploitation et la météorologie pour hiérarchiser l’influence des divers facteurs impliques dans les processus de nuisances olfactives. Les relations de causes à effets peuvent alors aboutir à des solutions de réduction des polluants très en amont. En effet, des modifications de procédés d’exploitation ou de fabrication peuvent être préconisées pour limiter la production ou l’émission d’odeurs et par voie de conséquence, améliorer le confort olfactif des riverains.

Les observateurs

Un panel de riverains qui qualifie les odeurs. Il est constitué de riverains qui ont suivi préalablement une formation pour identifier et caractériser les odeurs à l’aide d’échantillons de référence contenus dans des mallettes.

Les observations

Les observations olfactives dirigées effectuées selon ce protocole permettent de répondre aux questions particulières telles que :

  • Existe-t-il des périodes pour lesquelles la gêne est plus forte ?
  • Les cycles de fonctionnement du site (ex : opérations de broyage, retournement pour une plateforme de compostage) ont-ils des conséquences sur les nuisances olfactives ?
  • La fabrication de tel produit entraîne-t-elle une augmentation de la gêne ?
  • La pulvérisation d’un produit masquant / neutralisant d’odeurs diminue-t-elle la nuisance : Les observations olfactives

Structure technique (observatoire)

Parallèlement à la mise en place des jurys de nez et des protocoles d’observations, une structure particulière doit être mise en place pour permettre :

  • la centralisation des informations olfactives, chimiques, météorologiques et de fonctionnement du site
  • le traitement des données permettant d’établir les liens entre les informations olfactives, les évènements sur le site et les situations météorologiques observées
  • l’établissement des cartographies de gène ;
  • les calculs d’indices de gêne.

Résultats

Les résultats font l’objet de rapports dont la fréquence est variable selon les actions qui peuvent être mises en place sur site pour réagir.

  • Des rapports journaliers
  • Des rapports hebdomadaires qui intègrent des informations cumulées permettant ainsi de confirmer empiriquement des impressions obtenues par des traitements journaliers.
  • Des rapports sur de plus longues durées (mois, trimestre, année) dans lesquels sont présentés les résultats d’analyses statistiques, d’analyses factorielles, des cartes de gêne, des calculs d’indices de gêne, des études d’évolution des perceptions.

L’enquête auprès de riverains

Objectif

L’objectif de cette étude est de décrire l’état de l’environnement autour d’un site, d’évaluer l’importance des nuisances ressenties par la population avoisinante, et d’identifier l’origine et la nature de ces nuisances.

Méthode

Cette étude est réalisée sous forme d’enquête. Elle permet d’évaluer l’importance des nuisances olfactives par rapport aux autres sources de nuisances (bruit, voisinage, etc.) ainsi que l’importance des odeurs du site par rapport aux autres sources d’odeurs potentielles présentes dans cette zone. Elle fait appel à la mémoire des personnes sondées.

Les résultats de cette enquête peuvent être assimilés à une photographie de l’opinion de la population vis-à-vis des nuisances en général, et de la perception des odeurs en particulier. Ces résultats sont illustrés sous forme de cartes.

Cette méthode permet donc de comparer, par des analyses statistiques adaptées, l’état des lieux actuel avec un état futur, et de mettre ainsi en évidence l’influence des mesures de réduction des émissions d’odeurs qui pourront être prises, suite à ce diagnostic.

La méthode d’échantillonnage consiste à diviser la zone étudiée en îlots olfactifs types tenant compte notamment de la topographie du site, de la densité de population et du type d’habitation (zone résidentielle, zone rurale).

Pour réaliser cette enquête, on interroge dans chaque îlot un nombre suffisant de riverains sur leurs perceptions de l’environnement et des nuisances.

Les nuisances olfactives sont plus particulièrement étudiées selon leurs origines, leurs qualités, leurs intensités, leurs fréquences et les conditions météorologiques favorisant leurs apparitions.

L’enquête est réalisée de manière à ce que la préoccupation olfactive de cette étude ne soit pas perceptible par les personnes interrogées. Pour cela, elle contiendra des questions répondant à des préoccupations d’ordre général relatives à l’environnement, en évoquant aussi bien les points positifs (ce qui est agréable), que les nuisances (sonores, visuelles, etc.).

Résultats

Le traitement des résultats montre :

  • le niveau d’acceptabilité des nuisances et des odeurs en réponse à la loi sur l’air qui considère les nuisances olfactives excessives comme une pollution atmosphérique ;
  • l’importance de la nuisance olfactive par rapport aux autres nuisances ;
  • les différentes origines des odeurs ;
  • la contribution des odeurs du site étudié par rapport aux autres sources d’odeurs ;
  • les conditions de perception des odeurs provenant du site étudié ;
  • les critères de caractérisation des odeurs du site ;
  • les craintes suscitées par ces odeurs ;
  • les évolutions ressenties.

L’analyse des plaintes

Objectif

Les objectifs de l’analyse des plaintes sont multiples. Elle permet :

  • de suivre l’évolution des plaintes afin : d’évaluer l’importance du problème, de prévenir une crise, de vérifier l’efficacité des moyens mis en œuvre ;
  • de traduire l’évolution du mécontentement et détecter le passage d’un état de tolérance vis-à-vis des nuisances à un état d’intolérance ;
  • de rechercher des situations exceptionnelles pouvant révéler un état particulier de fonctionnement du site responsable des nuisances.

Indice individuel de nuisance

Le désagrément engendré par les odeurs du site émetteur est évalué à partir du descripteur « caractère gênant ».

Pour le décrire, les riverains bénévoles disposent de 4 modalités :

  • odeur pas gênante ;
  • odeur peu gênante ;
  • odeur gênante ;
  • odeur très gênante.

La surveillance de la qualité de l’air est de plus en plus demandée sur le plan des odeurs. Ce travail porte sur du long terme et ne doit pas être trop astreignant pour les observateurs qui veulent bien y participer.